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You're never alone. [Solo]

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Message par Invité Lun 30 Oct - 1:32



Il s’ennuie.
Jan est devant la porte de sa chambre et s’apprête à rentrer, mais il fait une pause, et reste immobile un petit moment. Il n’est entouré que par du silence, mais tend tout de même l’oreille, écoutant le moindre bruit venant de l’intérieur, afin de s’assurer qu’il n’y a personne.
C’est idiot, car Jan sait parfaitement que ses deux colocataires ne sont pas là. Il a d’ailleurs prévu très précisément à quelle heure il devrait partir le matin, puis revenir, afin de les éviter.
Que cela soit en leur demandant ou en les observant, Jan a défini leur programme du jour et sait parfaitement ce qu’ils vont faire, à quelle heure ils sont partis, et à quelle heure ils rentreront.
Il n’a même pas fait exprès de le rechercher. Il n’a pas cherché à passer sa journée seul de base, mais il s’est retrouvé avec ces informations, et il s’est aussi trouvé qu’aujourd’hui, il n’a rien d’intéressant à faire. Personne à voir.
Il est parti le matin avant eux, afin de se promener. Il ne les a pas évités parce qu’il ne les aime pas, mais tout simplement parce qu’il aime bien être seul le matin, tout autant que de l’air frais peut lui faire du bien.
À l’heure qu’il est, ils doivent être partis. Non, ils le sont.
Ce n’est que par précaution que Jan recherche un bruit.
« Parce que t’es parano. », une pensée lui envoie-t-elle.
Si tôt dans la journée, et ce n’est pas la première pensée qui l’agresse. Même quand il le veut, il ne peut jamais être seul.
Il entre. Effectivement, il n’y a personne. Et il n’y aura personne avant très tard dans l’après-midi. Or, il est peut-être dix heures et demie.
Il ferme la porte derrière lui, fait quelque pas dans la pièce, et s’immobilise une fois de plus, fixant droit devant lui.
Il a croisé quelques personnes ce matin, durant sa promenade. Des inconnus à qui il a souri, des connaissances qu’il a saluées, le sourire aux lèvres, l’air confiant, comme toujours.
Car ainsi est Jan. Toujours souriant, l’air confiant, intelligent, et plein de charisme.
Vraiment ?
« Menteur, menteur, menteur, menteur, menteur »
Il doit être fatigué aujourd’hui. Ses pensées le hantent. Elles l’obsèdent.
Il n’arrive plus à penser à autre chose que son propre mensonge.
Pourquoi a-t-il si besoin d’être seul ?
Il se sent si confus. Pourtant, Jan n’est jamais confus.
Vraiment ?
Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ? Vraiment ?
Bien sûr que non.
Jan est toujours confus. Jan n’a jamais confiance en rien.
Vraiment ?
Ou sûrement a-t-il confiance.
Il n’en sait rien.
Il jette sa veste sur une chaise, et s’assoit sur son lit. Il fixe encore le vide quelques secondes… Et laisse ses pensées l’envahir.
« Menteur »
« T’es nul »
« T’es faux »
« Tu ne mens même plus qu’aux autres, tu te mens à toi-même »
« Menteur »
« Arrête »
« Sale menteur »

Rien ne semble les arrêter. Comme si quelqu’un à l’intérieur de lui ne cessait pas de l’insulter.
Il aimerait les faire taire, mais n’y arrive pas. Il s’enfonce la tête entre les mains.
Il tente de leur répondre, pour leur dire qu’elles ont tort, comme si ces pensées n’étaient pas les siennes. Il ne veut pas les écouter mais ne fait que ça ; et elles accélèrent, et sont des plus en plus nombreuses, et elles l’attaquent, ne se taisant jamais.
Elles forment en lui comme un bruit, un bruit terrible que seules ces pensées silencieuses peuvent produire. Un bruit plus terrible que n’importe quel bruit, un bruit qui rend Jan fou.
« Mais tu es déjà fou », lui dit une pensée, vaguement plus claire, au-dessus des autres.
« Non… », pense-t-il, mais cette pensée se mêle aux autres, et commence à se répéter en boucle. « Non… Non… Non… Non… N »
Si seulement il pouvait se taire. Il serre ses mains toujours posées contre son visage, se tirant les cheveux.
Ces pensées qui sont toujours en lui… Il veut qu’elles se taisent, qu’elles cessent de l’insulter, qu’elles cessent d’avoir raison !
« Taisez-vous, taisez-vous, taisez-vous ! », se répète en lui.
Jan ne peut-il pas apprécier une journée de repos, seul ? Pourquoi y a-t-il toujours une autre personne à l’intérieur de lui, une personne horrible, une personne qu’il est, une personne qu’il ne veut pas être, une personne qu’il cache derrière un mensonge ?
« Tu veux devenir un mensonge »
Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge !

Tout semble crier en lui.
La chambre est emplie de silence, mais sa tête est pleine de bruit.
Ses poings se serrent, se serrent, se serrent. Les pensées tournent, et se retournent, et montent, et descendent, et n’arrêtent jamais. Elles sont de plus en plus, et de plus en plus cruelles.
Pourquoi Jan ne peut-il pas être celui qu’il prétend être ?
POURQUOI ?
Sans même s’en rendre compte, Jan a donné un grand coup de poing dans sa jambe.
Une terrible douleur se répand, et il peut être sûr qu’il aura un bleu.
Mais cela ne le calme pas. Non. Non. Un deuxième coup. Un troisième coup.
Et les pensées ne se taisent toujours pas.
« STOP STOP STOP STOP STOP »
Un quatrième coup. Une milliseconde, les pensées s’arrêtent. Ça fait trop mal.
Jan le sait bien. Il ne suffit que de ça pour les faire taire – ou le sait il réellement ? Se rend-t-il vraiment compte de ce qu’il est en train de faire ?
S’en rend-t-il compte, quand il se griffe les bras violemment, laissant ses bras saignants, plein de cicatrices qui, si elles ne sont pas profondes, existent bel et bien ?
S’en rend-t-il compte, quand il se mord la main si fort qu’il en saigne ?
À la fois oui ; à la fois non. Il s’en rend assez compte pour savoir que seule la douleur met une pause à ses pensées, mais il ne s’en rend pas assez compte pour réaliser.
Il se tire les cheveux.
Un fou, il a l’air d’un fou.
« Mais tu es fou »
« STOP STOP STOP ST »
Jan se lève soudainement, et violemment donne un coup de poing dans le mur.
La douleur est atroce ; mais ce n’est pas ce qui le ramène à la réalité.
Un énorme son résonne dans toute la chambre, et l’impact fait bouger un grand coup les meubles contre ce mur.
Ébahi, il recule. L’a-t-on entendu ? S’il y avait quelqu’un derrière le mur, il l’a sûrement entendu. Oh mon Dieu, que dirait-il ? Une personne saine ne pourrait jamais frapper un mur aussi fort. Une personne saine ne frapperait même pas le mur.
Il tombe assis sur son lit. Le revoilà revenu dans le monde réel ; et il a mal, il a mal à la jambe, aux bras, aux mains. Il les regarde, et voit qu’il saigne.
« Fou. Je suis fou. »
Les personnes qu’il a croisées ce matin… Agnes, avec qui il a échangé un bonjour chaleureux, Hillary, avec qui il a échangé un regard malin… pourraient-elles imaginer que la même personne, quelques minutes après, serait là, à se griffer, se mordre, et se frapper comme un dément ?
Jan, lui-même, se demande si c’est réellement la même personne.
Et il sait à la fois que oui, et non.
Combien de personnes est-il à la fois ?
Trop.
Certaines sont de sa faute. Certaines ne le sont pas. Certaines sont des mensonges. Certaines sont trop réelles.

Il se lève, et va dans la salle de bain se rincer bras et mains. Il vérifie qu’il ne s’est pas griffé ou mordu ailleurs, car il ne se souvient de rien. Il pose ensuite sa main sur sa jambe, et peut déjà sentir le bleu présent.
Heureusement, il pourrait cacher ses jambes et ses bras. Quant à sa main, il n’aurait qu’à inventer un mensonge… comme d’habitude. Et ce ne serait pas un problème. Personne ne ment mieux que Jan.
Il soupire. Il lève la tête, et se regarde dans le miroir.
« Qui es-tu ? »
L’avantage est que ses pensées se sont calmées.
Il sort de la salle de bain, et s’assied en tailleur sur son lit.
Personne n’est venu frapper à la porte. C’est bon signe.
Il n’a rien à faire… Et il n’y a rien à faire. Il se perd dans ses pensées.
Et repense aux choses négatives.
Ça recommence. Mais que peut-il y faire ?
Rien.
Jan n’est jamais seul.
feat. un autre jan; "You're never alone."


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